L’ubérisation, qu’est-ce que c’est ?
Ce néologisme à la mode cache un tsunami économique. C’est un nouveau modèle économique lié à l’économie digitale qui peut menacer et remettre en cause rapidement un vieux modèle de l’économie « traditionnelle ».
Le modèle : Uber, l’application qui a bouleversé le secteur des taxis sans contractualiser aucun chauffeur… et bien d’autres exemples (airbnb, ouicar…).
Faut-il s’en plaindre ou s’en réjouir ?
Tout dépend de quel côté l'on se place ! Du point de vue du consommateur, l'ubérisation est une évolution technologique (exemple : système de notes et d’appréciations évaluant directement les services rendus afin d’écarter sans délai les « mauvais ») et une aubaine financière (prix fixé à l’avance afin d’éviter encore les mauvaises surprises).
Mais attention au revers de la médaille car cette nouvelle économie « à la demande » risque d'anéantir bien plus d'emplois pour les salariés en poste qu'elle ne va en créer. Et pour les indépendants travaillant pour ce type de nouveau modèle : ubérisation = précarisation (peu de garanties et secteur peu lucratif).
Alors l’ubérisation c’est quoi finalement ? Plus de services et plus de transparence ou la disparition des commerces traditionnels et la précarité de l’emploi ?
Qu’en est-il de la pharmacie ?
Même si la pharmacie parait au premier abord en sécurité grâce à la réglementation, les compétences du pharmacien et le maillage géographique qui caractérisent cette profession, elle est pourtant inscrite au registre du commerce et une des particularités du métier du pharmacien est de « commercialiser des boîtes ». Ainsi, aujourd’hui, rien n’empêcherait un spécialiste de la logistique d’ubériser le secteur. Allons plus loin… Demain, rien n’empêcherait un médecin d’envoyer une prescription médicale à un spécialiste de la logistique, type Amazon, qui livrerait les boîtes de médicaments directement au domicile du patient dans un délai très court et sécurisé.
Ainsi, si les pharmacies veulent résister à la concurrence, elles doivent renouveler leur modèle. Et c'est là tout l'enjeu du pharmacien, comprendre que sa valeur ajoutée n'est clairement pas dans la distribution de boîtes de médicaments mais dans le service pour lequel viendra (éventuellement) s'adjoindre une boîte de médicament.
La pharmacie de services : concept ou réalité ?
Dans ce contexte, le pharmacien doit dès à présent « réinventer » son rôle pour se différencier et éviter de disparaitre, réaffirmer son statut de professionnel de santé et mettre en place de nouvelles « prestations » au service des patients toujours dans la but de créer de la valeur ajoutée et de rester « impossible à copier pour les grandes marques » (Amazon, supermarché…).
Des actions commencent à être mises en place soit grâce à des initiatives personnelles soit avec l’aide de l’état, comme on a pu le voir avec les entretiens pharmaceutiques : 1re étape du renouveau du métier de pharmacien. D’autres actions commencent également à être mises en place : la préparation des doses à administrer, l’entretien pour les patient atteints de maladie chronique au sens large, le dépistage des troubles de la vue et de l’audition, celui de l’hypertension artérielle, la dispensation de conseils diététiques, la vaccination demain…
Et demain, à quand la spécialisation de la pharmacie dans un domaine précis (orthopédie, sevrage tabagique...) car être capable de créer un service différenciant unique, ce serait fournir une valeur ajoutée « inubérisable » comme l’a si bien décrit le Pr Xavier Pavie, professeur d’innovation dans les services à l’ESSEC.